Traduire le cancer 2

- April 10, 2018

Il s’agit du deuxième article de la rubrique « Traduire le cancer ». Cette rubrique a pour vocation de traduire des concepts issus d’articles traitant du sujet du cancer, sous-domaine dans lequel je me spécialise au fur et à mesure de mes différents projets et de mes formations.

Environ 40 % des cancers sont dus à des facteurs de risque modifiables : le tabagisme, la consommation d’alcool, l’alimentation et certaines infections. Cet article fait état du nombre de cas de cancers et de décès liés à des cancers associés à des facteurs de risque modifiables aux États-Unis.

Voici le lien vers l’article concerné : https://onlinelibrary.wiley.com/doi/epdf/10.3322/caac.21440  

  • proportion

« Proportion and Number of Cancer Cases and Deaths Attributable to Potentially Modifiable Risk Factors in the United States » Que désigne réellement le terme anglais « proportion » dans cet article ? Si on lit le reste de l’article, on constate qu’il s’agit en fait de pourcentage. La phrase suivante ne laisse aucun doute : « For example, previous studies reported larger proportions of HCV-associated liver cancer in women (26%-28%) than in men (18%-19%), whereas we found the reverse (28% in men vs 12% in women), consistent with higher HCV infection prevalence in men. » On voit bien qu’il s’agit de pourcentages, je choisis donc de ne pas utiliser le terme français « proportion », qui ne correspondrait pas du tout à ce qu’un auteur français aurait écrit dans ce cas. Voici ma proposition de traduction pour ce titre : Le cancer aux États-Unis : pourcentage et nombre de cas associés à des facteurs de risque potentiellement modifiables Dans les traductions françaises, on voir encore trop souvent le terme anglais « proportion » traduit par le terme français « proportion » même quand cela est évident qu’il s’agit d’un pourcentage.  

  • cigarette smoking

Comme indiqué dans la phrase ci-dessous, l’article ne traite pas de tous les produits du tabac (cigarettes, narguilés, cigares) mais uniquement des cigarettes. Toutefois, en français, il n’existe pas de traduction littérale de « cigarette smoking ». On retiendra donc le terme « consommation de cigarettes ». Par contre « cigarette smokers » peut se traduire par « fumeurs de cigarettes ».  

  • secondhand smoke

Le Merriam-Webster donne la définition suivante de « secondhand smoke » : « tobacco smoke that is exhaled by smokers or is given off by burning tobacco and is inhaled by persons nearby ». Même si cette notion est traduite en français suisse par « fumée passive » et en français canadien par « fumée secondaire », dans ce contexte, on ne désigne pas la fumée en tant que telle en français de France. On parle plutôt des personnes qui inhalent cette fumée, les « fumeurs passifs » et du fait d’inhaler la fumée des autres, le « tabagisme passif ».  

  • cancer occurrence

Le Merriam-Webster donne la définition suivante d’« occurrence » : « something that occurs ». Voyons la définition du terme français « occurrence » dans l’atilf : 1 « Événement, circonstance qui se présente fortuitement. » 2 « Apparition d’une unité linguistique dans le discours; p. méton., cette même unité. » Ces deux termes sont donc des faux-amis. En français, on pourra parler de « survenue » ou d’« apparition ». Appliquons cela à la traduction de la phrase suivante : « Furthermore, in general, we used the most recent exposure data rather than historical data; because, for most risk factors, the latency from exposure to cancer occurrence is not well defined. » En outre, de manière générale, nous avons utilisé les données d’exposition les plus récentes au lieu des données historiques car, dans la plupart des cas, le délai entre l’exposition aux facteurs de risque et l’apparition du cancer n’est pas bien défini.  

  • esophageal squamous cell carcinoma

Ce terme peut avoir plusieurs traductions. J’ai retenu « carcinome épidermoïde de l’œsophage ». Voici l’article du Dictionnaire médical de l’Académie de Médecine concernant le terme « carcinome épidermoïde » : « carcinome épidermoïde l.m [F2, P1, O3, M2, K1)] squamous cell carcinoma, epidermoid carcinoma Cancer développé  aux dépens d’un épithélium malpighien. Cette forme correspondant à la quasi-totalité des cancers de la sphère ORL (lèvres, bouchegorgelarynx, tiers supérieur de l’œsophage); aux cancers de l’exocol de l’utérus, à la majorité des cancers de la vessie, à la majorité des carcinomes bronchiques et aux carcinomes spinocellulaires de la peau. → cancer épidermoïde Étym. gr. karkinos: crabe; ôma : tumeur Syn. cancer épidermoïde, cancer malpighien, cancer pavimenteux, carcinome malphighien, carcinome pavi­menteux stratifié, carcinome squameux, carcinome spinocellulaire »  

  • lifetime abstainers

« The number of alcoholic drinks per day was calculated for current drinkers only; former drinkers and lifetime abstainers were combined for this analysis and were considered to have consumed 0 drinks per day in the year before the survey. » Les « lifetime abstainers » sont les personnes qui n’ont jamais bu d’alcool. Dans ce contexte, le terme « buveurs » pourrait sembler péjoratif. J’opterais donc plutôt pour un terme plus neutre, déjà utilisé pour le tabac : « consommateurs ». Je propose les deux possibilités suivantes :

1. « On a comptabilisé le nombre de boissons alcoolisées consommées quotidiennement par les consommateurs actuels uniquement. Pour cette analyse, on a considéré que les anciens consommateurs et les non-consommateurs avaient bu 0 boisson alcoolisée l’année précédant l’étude. »  

2. « On a comptabilisé le nombre de boissons alcoolisées consommées quotidiennement par les consommateurs actuels uniquement. Pour cette analyse, on a considéré que les personnes ayant arrêté de consommer de l’alcool et n’en ayant jamais consommé avaient bu 0 boisson alcoolisée l’année précédant l’étude. » 

  • physical inactivity

Il s’agit de l’un des facteurs de risque du cancer, en particulier du cancer du sein. La traduction littérale existe mais est peu utilisée. Il convient de privilégier « sédentarité », largement utilisé dans la littérature médicale, ou « manque d’activité physique », que l’on rencontre également mais qui semble moins bien refléter le sens du terme anglais.   Trouvez-vous ces remarques pertinentes en tant que traducteur ou linguiste ? Êtes-vous intéressés par la traduction des documents relatifs au cancer ? Votre entreprise a-t-elle besoin de tels services ?   Merci de votre intérêt et rendez-vous d’ici peu pour le troisième volet de Traduire le cancer par MedPharmaTranslator.

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